Depuis les toutes premières connexions aux bouleversements sociétaux actuels, la transformation de la société marocaine par Internet en trente ans marque une ère de profonds changements.
Ça a tout d’abord pris la forme de quelques ingénieurs s’affairant, un peu partout dans le monde, autour d’ordinateurs à la fin des années 70. Tout au long des années 80, le bruit courrait dans les milieux des spécialistes de l’Informatique : bientôt, il sera possible de connecter les ordinateurs entre eux pour «partager des tas de données». Depuis, le bruit court toujours, parmi les spécialistes et les néophytes, sous la forme d’onde 4G et de débit en ADSL ou Fibre Optique. «La première connexion avec l’Internet à partir du Maroc a été inaugurée le 15 novembre 1995. Les premiers services offerts étaient l’e-mail, transfert de fichiers (FTP), travail à distance (TELNET), et les groupes de discussion (USENET)», souligne le site du Musée de Maroc Telecom. Si d’autres pays ont déjà célébré le trentième anniversaire de l’événement d’Internet, le Royaume du Maroc s’apprête ainsi à marquer le coup et, par la même occasion, à jeter un regard en rétrospective pour constater l’ampleur de l’Influence d’Internet sur sa société. Prémices d’une nouvelle ère Younes Zakraji, informaticien, la quarantaine bien entamée, nous raconte ses premières sessions de «surf du Internet» avec beaucoup de nostalgie : «Il s’est passé plusieurs années entre le moment où Internet a été inauguré au Maroc, et celui où il a réellement fait son apparition dans les premiers foyers marocains. Vers 1997, l’accès était possible grâce au modem 54K, avec le son bien caractéristique qu’il faisait au moment de se connecter et un débit dérisoire comparativement avec les vitesses qui sont actuellement disponibles». Au-delà de la connectivité, l’évolution d’Internet au Maroc et ailleurs est également passée par l’évolution des ordinateurs utilisés et des contenus disponibles sur la Toile. «Durant les premières années d’Internet, il n’y avait pas encore le foisonnement de sites et encore moins de réseaux sociaux. A part les «Chat Room», pas de YouTube, ni de Facebook, Wikipédia ou de paiement en ligne», raconte notre interlocuteur. Révolution en marche «Internet a par la suite permis et catalysé le développement d’un ensemble de produits. Du hardware aux softwares, la Toile s’est petit à petit métamorphosée simultanément avec l’avènement et la démocratisation des téléphones portables puis des smartphones», poursuit la même source. Au bout de la première décennie d’utilisation par le grand public, Internet s’est imposé et s’est profondément immiscé dans la vie quotidienne et sociale des Marocains (voir Interview). «Aujourd’hui, Internet est un peu à l’image du monde réel puisqu’on y trouve le meilleur et le pire qui se côtoient dans le même espace virtuel. Avec ce recul de 30 ans, on commence à peine à réaliser combien notre vie a pu être impactée par cette formidable technologie qui nous permet aussi bien de travailler, communiquer, s’informer que se divertir», estime l’informaticien. Une réalité qui a également été largement confirmée durant la crise sanitaire en 2020, lorsque le monde entier a dû recourir à Internet pour contourner les limitations du confinement. Enjeux à venir. Aujourd’hui encore, les diverses visions des aficionados d’Internet s’opposent : entre ceux qui estiment qu’Internet doit rester libre et promouvoir une culture de partage, et d’autres qui pensent qu’il faut quand même en encadrer et réglementer les usages. «Internet est aujourd’hui le support d’autres «innovations numériques» qui s’imposent : l’Intelligence Artificielle et les Crypto-monnaies en sont quelques exemples parlants», précise Younes Zakraji. La digitalisation des services, y compris administratifs, est par ailleurs une dynamique qui se poursuit tant au niveau national qu’international. Au Maroc, cette même digitalisation s’érige même en moyen pour optimiser le développement socio-économique du pays. «La mise en œuvre de la stratégie "Maroc Digital 2030" (Digital Morocco 2030) est l'un des axes majeurs de la feuille de route gouvernementale pour la promotion de l'emploi», avait souligné il y a quelques semaines le chef du gouvernement, M. Aziz Akhannouch. Internet est-il devenu vital pour la vie des Marocains ? La réponse est affirmative, pour peu que l’usage du digital se fasse avec responsabilité, intelligence et sans excès. Omar ASSIF
3 questions à Asmaa Attarça, sociologue : «Par un simple clic, tout est disponible…»
Comment percevez-vous la généralisation d’Internet et de son écosystème dans la société marocaine ? C’est en effet question de «nouveaux» appareils et outils digitaux qui ont intégré la vie des Marocains depuis 30 ans déjà. Cette intégration d’un moyen rapide de communication a connu au début un mélange d’interaction à la fois plein d’avidité de connaissance, de réticence, de méfiance, voire de peur. Cela dit, une fois qu’Internet a été intégré dans tous les domaines de la vie sociale et économique de la société marocaine, d’autres perceptions se dessinent… Quelles sont justement les «perceptions» que nous pouvons qualifier de positives ? Il est indéniable qu’Internet a apporté beaucoup d’avantages à la société. Les nouvelles technologies qui y sont associées permettent aux Marocains d’acquérir de nouveaux savoirs et de développer de nouvelles compétences en termes d’expression, de communication, de création. Internet est aujourd’hui de plus en plus présent au Maroc, et son utilisation s’impose dans presque tous les foyers marocains. Cet «outil» apparaît comme un moyen rapide et pratique pour faire ses choix. Il n’est maintenant plus question d’attendre. A titre d’exemple, il n’est aujourd’hui plus obligatoire d’avoir un journal entre les mains pour accéder à l’information. Un autre exemple peut s’illustrer à travers le trio «technologie, Internet et ordinateur» qui sont trois ingrédients puissants au service de la recherche scientifique. D’autre part, la communication interpersonnelle s’est affranchie de la distance puisqu’il est maintenant possible d’échanger avec une personne, peu importe où elle est dans le monde. Internet nous permet de voyager partout instantanément et à moindre coût. Les outils que nous offre la Toile se sont bien enracinés parmi nous et vont au-delà de nos attentes et aspirations. Par un simple clic, tout est disponible… Quid des inconvénients, voire des dangers d’Internet ? Internet et les nouvelles technologies ne jouent pas uniquement le rôle de «facilitateur de la vie» puisqu’ils peuvent également nuire aux rapports humains. Internet peut servir à véhiculer des atrocités en tout genre, banalisant ainsi des phénomènes et des pratiques désastreuses pour la société, d’où la nécessité d’amorcer la réflexion et le débat sur les moyens de limiter les risques liés à Internet ainsi que l’exposition des personnes les plus vulnérables. Il s’agit d’un monde qui évolue très rapidement, tant positivement que négativement, et le défi est de pouvoir suivre pour en tirer le meilleur parti pour l’humanité.
Coupe du Monde 2030 : La 5G bientôt opérationnelle
La ministre déléguée auprès du Chef du gouvernement, chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l'administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a annoncé que la 5G sera lancée au Maroc en perspective de l’organisation de la Coupe d'Afrique des Nations de football (CAN-2025) et de la Coupe du Monde 2030. Le lancement de cette technologie vise à atteindre une couverture de 25% de la population à l’horizon 2026 et de 70% à l’horizon 2030, avec une couverture totale des villes qui abriteront les matchs de la Coupe du Monde 2030, a précisé la ministre. Par ailleurs, un total de 6.300 structures administratives publiques sera équipé de la fibre optique à l’horizon 2026, ainsi que 5,6 millions de foyers à l’horizon 2030. Dans le même contexte, la ministre déléguée a relevé que les services numériques figurent parmi les priorités du développement du secteur des télécommunications au Maroc, mettant l’accent sur les efforts déployés par les différents acteurs pour développer et renforcer les infrastructures du secteur.
Monde : Croissance et disparités d'Internet, un monde connecté, mais divisé
Durant les deux dernières décennies, le paysage d'Internet a subi une transformation radicale, passant de la nouveauté à une nécessité omniprésente. Selon l'Union Internationale des Télécommunications (ITU), environ 5.5 milliards de personnes, soit 68% de la population mondiale, étaient connectées à Internet en 2024. Cette statistique impressionnante marque une hausse significative par rapport à 2019, où seulement 53% de la population mondiale naviguait en ligne. Cette augmentation rapide, qui représente près de 1,3 milliard de nouveaux utilisateurs en cinq ans, illustre l'expansion accélérée de la connectivité mondiale. Le rapport "Facts and Figures 2023" de l'ITU met en lumière non seulement la croissance, mais aussi les inégalités persistantes dans l'accès à Internet. Ces disparités sont particulièrement marquées dans les pays à faible revenu où les infrastructures sont insuffisantes et les coûts prohibitifs limitent l'accès des populations les plus vulnérables. En parallèle, le rapport de la Global System for Mobile Communications Association (GSMA) sur l'état de la connectivité Internet mobile en 2023 révèle que l'Internet mobile est désormais le principal moyen d'accès au Web dans les pays à revenu faible et moyen. Cependant, malgré cette avancée, de nombreuses barrières subsistent. Le coût des appareils et des données continue de restreindre l'accès à Internet, empêchant une part significative de la population mondiale de profiter pleinement des opportunités offertes par le numérique.