Le régime algérien se trouve aujourd’hui dans une véritable impasse politique. De par ses multiples performances diplomatiques, le Maroc a réussi à l’enfermer dans une nasse où, pour s’en sortir, il serait capable de commettre les pires folies.
La chronique maghrébine de ces derniers jours est empreinte de bruits de bottes et de sirènes guerrières. Le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, avait tiré la sonnette d’alarme, affirmant que le régime algérien s’apprêtait à ouvrir un front guerrier, direct ou sous-traité au Polisario. Cette sortie du ministre marocain devant le Parlement avait fait l’effet d’une bombe. Car tout le monde sait que ni ce ministre, d’habitude si prudent et si contrôlé dans son expression, ni la diplomatie marocaine traditionnellement tout en retenue et en réserve, ne peuvent avancer de telles hypothèses juste pour le plaisir de provoquer un bad buzz. Si le Maroc évoque cette hypothèse de guerre, c’est qu’il y a de sérieux indicateurs qui l’alimentent.
Le régime algérien se trouve aujourd’hui dans une véritable impasse politique. De par ses multiples performances diplomatiques, le Maroc a réussi à l’enfermer dans une nasse où, pour s’en sortir, il serait capable de commettre les pires folies.
L’hypothèse d’une guerre algérienne contre le Maroc n’est pas nouvelle. Dans sa tentative de justifier la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, le président algérien Abdelmajid Tebboune avait expliqué que l’Algérie était contrainte de prendre une telle décision pour ne pas avoir à recourir à la guerre. Étrange argumentaire qui avait laissé tout le monde pantois à l’époque.
Et depuis, Alger a épousé une logique d’escalade contre le Maroc. Des menaces directes, un budget militaire en hausse vertigineuse, un défilé militaire des plus provocants… tout dans l’attitude algérienne sent la poudre et la pyromanie.
Deux scénarios-catastrophes se présentent aujourd’hui et sont susceptibles d’enflammer la région du Maghreb. Le premier, le plus probable, est que le régime algérien pousse les milices du Polisario à attaquer le territoire marocain sous le prétexte fallacieux et totalement anachronique de lutter pour «l’indépendance» du Sahara. Comme le préfigure en ce moment la tentative d’attentat contre Al Mahbes. Cette posture obligera fatalement le Maroc à répondre, comme il le fait déjà pour protéger la zone tampon des incursions du Polisario. Le tournant cette fois est que l’armée algérienne va mettre à la disposition des milices du Polisario le fleuron de son arsenal. Pour Alger, cela s’appelle sous-traiter une guerre, passer de la séquence de la tension froide à celle enflammée de la guerre. La seconde option est une attaque directe de l’armée algérienne contre le Maroc dans une démarche de provocation pour allumer cette guerre tant désirée par certains milieux belliqueux de l’armée algérienne.
Ce choix, même s’il paraît peu probable, aura besoin tout de même d’une justification pour entraîner l’ensemble de la région dans ce qui pourra s’apparenter à un affrontement direct entre le Maroc et l’Algérie. Le modèle régulierment évoqué est celui de la longue et meurtrière guerre entre l’Iran et l’Irak.
Même s’il donne des frissons dans le dos, ce scénario paraît si cauchemardesque, si meurtrier que les deux puissances du Maghreb réfléchiraient à deux fois avant de l’inscrire dans leurs agendas. La guerre avec l’Algerie n’a jamais été un désir marocain. Sur la plan militaire et diplomatique, Rabat mène une politique de récupération de territoire et d’unité nationale. Il n’a jamais été question d’agresser le voisin algérien. C’est tout le contraire d’Alger qui essaie de réaliser par des voies militaires ce qu’il a échoué à avoir sur le plan diplomatique. D’où les bruits de bottes qui claquent actuellement dans la région du Maghreb.
Par ailleurs ce qui rend sceptique sur la fatalité de cette guerre est qu’elle est aussi une affaire de volonté internationale. Qui, parmi les pays de la communauté internationale, a un quelconque intérêt à son déclenchement ? Certainement pas les pays de l’Union européenne qui vont être directement impactés par ses éclats sécuritaires et migratoires. Encore moins l’administration américaine de Donald Trump qui la considère comme un facteur de déstabilisation de l’ensemble de la région créant un nouveau terroir pour les organisations terroristes aux portes de la Méditerranée et de l’Atlantique. Surtout pas la Russie et la Chine.
La première ne voudrait pas être dans l’obligation de soutenir un régime algérien moribond et suicidaire. La seconde aura pour priorité de sécuriser cette région vitale pour le commerce mondial dont Pékin est un acteur majeur.
L’évocation de cette guerre de la part du régime algérien et les signaux d’épouvante qu’il adresse à la communauté internationale sur le sujet pourront être interprétés comme une manière de dramatiser les enjeux de sécurité pour pouvoir améliorer les conditions de négociations le jour où il n’aura d’autres choix que de rejoindre les tables rondes pour fabriquer une solution onusienne régionale évidemment sous souveraineté marocaine.