Judicieuse conférence du PPS à Tiznit
Saoudi El Amalki
Sous le thème du relèvement des tarifs entre les facteurs objectifs et les mesures gouvernementales, la section locale du PPS de Tiznit a tenu ce mercredi une conférence animée par Me Abdeltif Ouammou, membre du conseil de la présidence du parti et Pr Lahoucine Ferouah, enseignant agrégé en économie et gestion. Modérée par Hassan Jakour, secrétaire de la section local du parti du livre, cette rencontre d’actualité a drainé une large affluence du fait de l’acuité et la contemporanéité de la thématique. De prime abord, le bâtonnier Abdeltif Ouammou traita la problématique, à travers six volets :
Interpellation du système politiqueInterpellation juridiqueInterpellation du système socialInterpellation économique et financièreInterpellation du système de la gouvernanceInterpellation culturelle et comportementale
En fait, le consommateur marocain affronte des défis de plus en plus rudes en raison de la cherté des prix des denrées alimentaires et du recul ardu du pouvoir d’achat, souligne l’intervenant, tout en évoquant les augmentations notables des tarifs de viandes rouges et de carburants, depuis déjà lustres ainsi que ceux des poissons. En plus des constats du HCP, celui du magazine Seo World classe le Maroc parmi les plus chers au monde en 2024du fait de la cherté de tarifs concernant les productions et les services, soit 104 sur 132 pays à l’échelon mondial, déploremaître Abdeltif Ouammouqui se demande si le phénomène dû relèvement des prix est passager ou un problème structurel lié à l’absence de la justice sociale, s’il est une crise existentielle où il est dû à une politique des approches socio-économique et environnementale déficientes. Quelle sont alors les causes principales de la détérioration du niveau de vue des citoyens ?, s’interroge-t-il à ce propos. Les recherches montrent que 80% defamilles marocaines ont connu de reculsdu niveau de vie dont le rôle du consommateurde faire face à cette situation et de renforcer la culture de la consommation rationnelle est primordiale à cet effet, ainsi que la contribution des spéculateurs dans cet éclatement des tarifs, précise-t-il. De même, la cherté des prix interpelle divers systèmes politique, juridique, économique, social et culturel, du fait que les partis politiques sont incapables de relever les débats, afin de trouver des solutions convaincantes et équitables, les signes de disharmonie qui émaille le présent gouvernement, sachant que celui est le responsable de cet état alarmant, alors que le NMD avait appelé, entre autres, à mette fin au monopoleet assurer les souverainetés alimentaire, financière, énergétique, industrielle…, dans un climat de clarté. Ceci étant, poursuit le bâtonnier, pourquoi n’évalue-t-on pas encore de manière objective, le PMV et le PGG 2020/2030qui ambitionnede fortifier la classe moyenne rurale et assurer sa stabilité, sachant que82% des hommes et 46% des femmes exercent des fonctions informelles et non déclarées au secteur de l’agriculture ? De surcroît, en dépit des contraintes du stress hydrique, notre pays continue à prioriser l’export excessif, allant même à rivaliser pour la 1 ère fous la Turquie et la Géorgie à titre d’exemple en ce qui concerne l’exportation de l’avocat, alors que les marchés intérieurs souffrent de carence des denrées alimentaires et de pénurie d’eau, indique-t-il. Cette politique d’importation des produits nécessaires à la vie des citoyens s’est soldée par un échec cuisant, du fait que le gouvernement a permis la défiscalisation de l’ordre de 13 milliards de dirhams pour importer des ovins, au profit de 200 importateursauxquels chacun d’eux on délivre 4 millards de centimes, sans pour autant s’assurer que cet effort de contribuables aura des incidences positives sur les prix des viandes rouges. Il en résulte que les 13 milliards de dirhams sont passés dans les poches dans bénéficiaires sans que les prix des viandes rouges ne soient réduits sur le marché local. Maitre Abdeltif Ouammou conclut que cette situation nécessite une volonté politique rigoureuse pour prioriser de fortifier la production locale, d’améliorer les politiques économiques, de soutenir les souches précarisées, par le biais des approches globales et complémentaires permettant d’outrepasser cette crise, de rééquilibrer l’économie nationale et de rendre l’espoir aux populations… À cet égard, maître Abdeltif Ouammou emprunta une belle citation du linguiste américain Noam Chomsky en disant : « Toute l’histoire du contrôle sur le peuple se résume à cela : isoler les gens les uns des autres, parce que si on peut les maintenir isolés assez longtemps, on peut leur faire croire n’importe quoi ! »
De son côté, l’économiste Lahoucine El Farouah s’est focalisé sur une approche économique pour aborder le sujet, en posant la problématique en ces termes : comment le gouvernement peut-il faire face cette à cette crise et de ce fait, contrôler les facteurs qui ymènent ? Son allocutionpertinente s’est répartie en quatre parties majeures :
Le contexte général et le cadre conceptuelL’analyse des raisons de la cherté des prixLecture des mesures pour endiguer la chertéInflation calculée et inflation sensibleConclusions
L’intervenant note que l’inflation augmente de 8% et touche les populations directementpérenne et global. Le pic de l’inflation se situe en 2023 et 2024. Il fait constater que cette crise a pris racine dès 2015 quand on avait levé l’appui des matières pétrolières et réformer de manière partielle la caisse de compensation, mais sans accompagner cette mesure par des mesures idoines. Les revenus d’exportationsdes ressources halieutiquessont de l’ordre de 1,160 milliards de dirhams vers l’Europe à janvier 2025. Le cheptel est réduit à deux tiers, en raison de sa diminution. Il est à constater ledysfonctionnement dans les marchés gros, la suspicion d’entente entre les opérateurs des hydrocarbures, les retombées de la pandémie… En dépit de l’augmentation de salaires et le soutien des importations et des transporteurs, la cherté des prix s’est avérée étouffante, note-t-il. Le conférencier estime, en guise de conclusion, que le cadre juridique régissant les marchés de gros est caduc et suranné, que les mesures sont insuffisantes pour remédier à la situation, cas de 23 milliards de dirhams jetés par la fenêtre, absence constante des lois accompagnatrices de la caisse de compensation, dépendance des agriculteurs dr la clémence céleste et déficit fonctionnels et organisationnels dans les aspects de la commercialisation, gouvernance dans les réseaux de commercialisation, réforme des marchés de gros, à travers des gestions fondées sur la transparence et l’équité…
Ces deux interventions ont constitué par la suite, un bon leitmotiv de réactivité pour l’assistance dont les répliques étaient également enrichissantes. C’est sur une note conviviale que se sont achevés les travaux de cette intéressante conférence.
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