L’ignorance institutionnalisée

Les réactions instantanées et vigoureuses suscitées chez les gouvernements de pays européens à leur plus haut niveau par le dernier arrêt des magistrats de la Cour européenne renseignent largement sur l’ampleur du décalage entre, d’un côté, des instances européennes qui connaissent parfaitement la réalité du terrain, elle-même prolongement naturel des vérités historiques inaliénables, et des […]

L’ignorance institutionnalisée
   aujourdhui.ma
Les réactions instantanées et vigoureuses suscitées chez les gouvernements de pays européens à leur plus haut niveau par le dernier arrêt des magistrats de la Cour européenne renseignent largement sur l’ampleur du décalage entre, d’un côté, des instances européennes qui connaissent parfaitement la réalité du terrain, elle-même prolongement naturel des vérités historiques inaliénables, et des juges confortablement installés derrière leurs bureaux au Luxembourg. Bien qu’au sens procédural du terme, le Maroc ne soit pas concerné par cet arrêt, puisque c’est la Commission européenne qui doit en répondre, il n’en demeure pas moins que sur le fond, certains attendus contenus dans le texte de l’arrêt en disent long sur le degré d’ignorance des membres de la Cour européenne. Ainsi et à titre d’exemple, la Cour considère que la «majeure partie» des presque 1.100.000 habitants des régions Sud n’est pas des Sahraouis et «n’appartient pas au peuple» sahraoui censé être consulté. Ces juges sont-ils au moins déjà allés dans des villes comme Dakhla, Laayoune, Boujdour ou Smara pour s’assurer eux-mêmes de ce fait avant de décréter de telles inepties? Ont-ils fait procéder à une quelconque enquête ou un sondage pour se faire leur propre opinion ou se sont-ils seulement fiés à ce qu’ils ont lu dans des documents qu’on leur a soumis ? D’un autre côté et en total décalage avec les positions internationales et onusiennes, avec leur dernier arrêt, ces brillants magistrats de la Cour européenne supposent que les 29 pays qui ont officiellement ouvert leurs consulats à Dakhla et Laayoune ont enfreint le droit international. Ils supposent au passage que les gouvernements et diplomates de ces 29 Etats, et non des moindres, sont, au mieux, des ignares en matière de droit international ou bien, au pire, des hors-la-loi. Auquel cas, ils devraient être tous poursuivis devant les instances judiciaires compétentes en la matière.