N’Djamena n’a pas surpris en dénonçant les accords de défense avec Paris, au vu des critiques dont fait l’objet l’armée française sur le continent, et compte tenu du fait que la présence française avait d’autres objectifs que celui de garantir la sécurité, a déclaré à Sputnik Afrique Moussa Hissein Moussa, journaliste et chercheur panafricaniste.
La rupture de l’accord tchadien de défense avec la France était “prévisible” compte tenu de plusieurs facteurs, a déclaré ce mardi 3 décembre à Sputnik Afrique Moussa Hissein Moussa, journaliste et chercheur panafricaniste.
“On a un contexte national qui est un peu apaisé, comparé avec l’ancien régime et on a un contexte sous régional – il y a l’AES de ce côté. L’armée française est chassée du Mali, du Burkina Faso et ensuite du Niger. Il y a des mouvements de contestation, panafricains, de jeunes qui dénoncent la présence des militaires français en Afrique. Il y a le contexte international, avec l’avènement d’autres puissances qui sont prêtes à coopérer, sans les conditions contraignantes exigées par l’armée française. Tout le monde attendait la réaction du Tchad”, explique-t-il.
En plus, la présence militaire de la France qui “devrait être là pour aider le Tchad à assurer son intégrité territoriale, pour garantir et sécuriser son territoire national, n’était là que pour d’autres objectifs”.
“Même si officiellement l’armée française était là pour accompagner l’armée tchadienne pour la sauvegarde ou bien la sécurisation du territoire national, elle est là pour épauler les régimes sur place pour rester au pouvoir”, selon Moussa Hissein Moussa.
Or, le pouvoir tchadien actuel “est beaucoup plus à l’aise, donc il n’a pas pour autant besoin de l’armée française pour asseoir son pouvoir”, a insisté le panafricaniste.
La décision de N’Djamena est aussi une manière de montrer que l’armée tchadienne peut elle-même répondre aux besoins nationaux, analyse le journaliste.
“L’armée tchadienne est une armée aguerrie dans la sous-région; tout le monde parle d’elle. Elle est intervenue au Mali, un peu au Cameroun et au Niger. C’est aussi une manière des dirigeants tchadiens de montrer la maturité de l’armée”, explique-t-il.
Nouvelles formes de coopération
D’autres options de coopération militaire émergent sur le continent, en particulier avec la Russie, qui offre une approche différente de la France, précise encore Moussa Hissein Moussa.
“Le problème avec les Français, c’est que leur mode de coopération est très paternaliste. Actuellement, l’AES collabore avec l’armée russe. Tout ce qu’ils veulent avoir, ils peuvent l’avoir auprès de la Russie, mais en contrepartie, on ne voit pas des conditions contraignantes. C’est une coopération qui est gagnant-gagnant”, déclare-t-il.
Le journaliste salue aussi les initiatives de l’Alliance des États du Sahel, qui permet de mutualiser les forces en vue de lutter contre le terrorisme, par-delà les frontières.
“Dans la zone des trois frontières, les menaces ou les attaques terroristes ont diminué de presque 80%. C’est grâce à la mise en place de l’AES, qui inclut aussi la mutualisation des forces burkinabè, nigériennes et maliennes, qui a rendu cela possible” affirme-t-il.
Source: https://fr.sputniknews.africa/