Les signaux d’un retour à l’ordre constitutionnel s’enchaînent sans apporter plus de clarification et d’assurance aux attentes des protagonistes de la scène politique. Après l’inscription d’élections générales dans la loi de Finances 2025 – à hauteur de 80 milliards encore hypothétique -, les gages précédemment donnés par l’AIGE avaient l’air d’être confirmés par une allusion explicite aux consultations électorales dans la lettre de cadrage que le tout nouveau Premier ministre a reçue du président de la Transition, lors du premier conseil des Ministres de l’après Choguel Maïga. Le Général Abdoulaye Maïga et son gouvernement sont notamment investis de la mission ainsi formulées : «créer les conditions d’organisation d’élections apaisées et transparentes». Sitôt instruit et le processus semblait démarrer comme sur des chapeaux de roues, avec le déclenchement d’une série de rencontres avec les acteurs d’un processus électoral.
Après une visite à l’Agence Indépendante de Gestion des Élections, avec sa casquette de Chef du Gouvernement, le PM s’est retrouvé quelques jours plus tard en conclave avec les partis politiques. Dans son manteau cette fois de ministre de l’Administration territoriale, l’ancien porte-parole du gouvernement renoue avec une ancienne tradition de dialogue permanent avec une classe politique – dont l’AIGE est normalement l’interlocuteur attitré en tant qu’organisateur autonome du processus. En plus de marcher sur les platebandes de cette structure et de le suppléer indûment dans ses prérogatives, le PM et non moins ministre de l’Administration n’inspire aucun optimisme en nuançant les espérances et assurances suscitées par la lettre de cadrage du président de la Transition. «Nous allons faire l’effort d’aller vite, mais allons faire beaucoup attention pour ne pas confondre vitesse et précipitation», a-t-il indiqué, laissant entendre au passage que le scrutin dans un contexte d’insécurité pourrait être porteur de crise post-électorale dont le pays ne peut s’offrir le luxe. Autant dire que la budgétisation des élections, ainsi que toutes les procédures législatives déclenchées dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel, ne procèdent que du miroitement d’un nouveau cap qu’aucun indice plus sérieux ne distingue des précédents rendez-vous manqués sur fond de canular : engagements pris envers la communauté internationale et les instances sous – régionales sur un calendrier électoral, promesses d’un léger report portées par l’actuel PM dans sa position antérieure de porte-parole du gouvernement.
En définitive, les incertitudes sur l’horizon électoral de 2025 et son illisibilité sont totales et tout aussi persistantes que les équivoques sur la sincérité des consultations annoncées, que le nouveau PM préfère éclipser au détour de précautions préventives d’une crise post-électorale spectrale. Or, une crise préélectorale, sur fond de candidature au forceps du principal arbitre du jeu, est beaucoup plus plausible et de la levée des équivoques y afférentes pourrait dépendre l’effectivité du rendez-vous électoral annoncé.
A KEÏTA