Le leader du parti CNYD-FYT, Me Mountaga Cheick Tall, devrait être en lice pour la prochaine élection présidentielle. Le dernier combat d’un vieux ténor du landernau politique malien ?
En principe, parmi les « monuments » de la politique malienne, en dehors du Dr Choguel Kokalla Maïga, auréolé du titre d’ancien Premier ministre de la Transition, Me Mountaga Tall sera l’un des vieux routiers en lice lors de la prochaine élection présidentielle.
Etant donné que Choguel Maïga ne s’en cache pas et est un acteur majeur de cette période transitoire, l’on doit considérer Me Tall comme l’autre vieux compétiteur de ce scrutin présidentiel devant couronner cette transition.
En effet, le chef incontesté du parti Congrès national d’initiative démocratique Faso Yiriwa Ton (CNID-FYT) semble se positionner à travers ses régulières prises de paroles en vue de marquer le terrain électoral. L’homme aurait confié à quelques cadres proches qu’il ne pourrait pas être spectateur lors de la prochaine élection présidentielle. Et de souligner qu’il y jouera son dernier combat politique, avant d’envisager sa retraite. Dès lors, conscient des limites de son appareil politique originel le parti du soleil levant, ce brillant avocat pourrait jeter son dévolu sur le pan du M5-RFP qui lui est resté fidèle, après avoir vertement critique le président du Comité stratégique, son concurrent Choguel Kokalla Maïga.
Mais il faut reconnaître qu’en termes de popularité au sein de l’opinion, Me Tall et Choguel apparaissent comme les gardiens du temple politique apparu depuis les années 90. Car, récemment encore, ils étaient au nombre de cinq cités comme les plus vieux ténors du microcosme national. Il s’agit de IBK, Soumaïla Cissé, Pr Dioncounda Traoré, Me Mountaga Tall et Choguel Kokalla Maïga. Avec le décès des deux premiers, et le fait que Dioncounda Traoré n’a plus d’ambition à diriger le Mali, après son expérience de président de la république par intérim, les deux derniers semblent s’apprêter à livrer leur dernier grand électoral.
Pour revenir à Me Tall, il faut rappeler que l’homme jouit d’une expérience politique d’envergure. N’a-t-il pas été le plus jeune candidat à une élection présidentielle dans l’histoire du Mali à seulement 35 ans en 1992 ? Et, à ces joutes électorales, celui qui sera, pendant longtemps, le député indétrônable de Ségou, sera difficilement battu par le puissant appareil politique de l’ADEMA-PASJ, avec le président Alpha Oumar Konaré. Ce combat électoral n’empêchera pas le président du CNID FYT de se faire élire député de Ségou puis devenir l’un des respectables vice-présidents de l’Assemblée nationale. Il se fera brillamment remarquer par ses interventions et ses propositions de lois.
Cet épisode sera marquant dans la vie de la jeune démocratie malienne et poussera Me Mountaga Tall et certains de ses pairs à se coaliser pour créer plus tard l’Alliance d’une opposition constructive ; le Collectif de l’opposition (COPPO). Il l’animera avec un certain Choguel Maïga, face à un Premier ministre ADEMA-PASJ, presque autoritaire et décidé à réprimer toutes les contestations. IBK. C’est en ce moment que Me Tall sera le premier initiateur d’une motion de censure contre le gouvernement ADEMA-PASJ. … Beaucoup d’eau couleront sous le pont Djoliba et le leader du parti du soleil levant finira par composer avec le nouveau pouvoir. Il s’agit du régime d’ATT, largement plébiscité au-devant de la scène à partir de 2002.
Me Mountaga sera l’un des acteurs décisif de la Coalition politique Espoir 2002 et jouera pleinement sa partition de parlementaire, avant que son parti ne connaisse une crise majeure d’excroissance.
Au plan parlementaire, le président du CNID-FYT s’est illustré par son rôle déterminant au sein du pouvoir législatif. Il a été auteur de plusieurs propositions de lois, dont les textes sur la promotion des droits humains, la reconnaissance du mariage religieux, la liberté de la presse, etc.
L’Homme poursuivra son parcours politique en se portant candidat à l’élection présidentielle à plusieurs reprises. Il sera aussi dans la course en 2013 et finira par se rallier à la candidature d’IBK, dont il deviendra un des ministres. Il s’agit du portefeuille de l’Enseignement supérieur et de la recherché et celui de l’Economie numérique, porte-parole du Gouvernement. Il sortira plutôt déçu de cette phase de la gouvernance et finira par être l’un des initiateurs de la contestation anti-IBK de 2018 ç 2020.
Avec autant d’expériences du monde politique, Me Mountaga Tall aspira à jeter toute son énergie dans la bataille pour les prochaines hostilités d’élection du futur président de la République. Mais, soupçonné d’être proche du président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, dont il décourage la candidature, que fera Mountaga Tall si le chef de la Transition se lançait dans la course ? Question à laquelle l’homme se dérobe. Comme pour dire : wait and see !
Boubou SIDIBE/maliweb.net