Edito : réhabilitation du bourreau des martyrs, l’histoire a encore bégayé au Mali

Décidément le machiavélique projet de démolition de la démocratie et de tous ses symboles  est en marche sous la transition. Après une campagne outrancière de dénigrement, de diffamation et une réduction au néant du bilan de 30 ans de gestion démocratique, c’est au tour des symboles de la Démocratie de subir les assauts du plan […]

Edito : réhabilitation du bourreau des martyrs, l’histoire a encore bégayé au Mali
   maliweb.net
Décidément le machiavélique projet de démolition de la démocratie et de tous ses symboles  est en marche sous la transition. Après une campagne outrancière de dénigrement, de diffamation et une réduction au néant du bilan de 30 ans de gestion démocratique, c’est au tour des symboles de la Démocratie de subir les assauts du plan savamment ourdi d’effacer cette glorieuse page de l’histoire contemporaine de notre Mali. Comment pourrait-on réhabiliter celui qui pendant 23 ans tua des maliens, poussa certains à s’exiler et dont la chute a été la plus sanglante de toute l’histoire contemporaine du Mali ? Réhabiliter le Général Moussa Traoré, est à la fois un blasphème contre la démocratie et un crime contre l’histoire. C’est véritablement un acte de trop qui va diviser davantage les maliens et ne facilitera nullement la réconciliation nationale. Les victimes et parents des victimes des journées de  Mars 1991  n’ont pas encore fini de faire le deuil de leurs  proches, certains n’ont pas fini de pleurer leurs morts qu’on élève ce bourreau au rang des héros qui ont marqué l’histoire de ce pays. Quel crime ! L’effet  du crime contre la démocratie allait être atténué si toutes les trois grandes figures du mouvement démocratique avaient été réhabilitées, à savoir ATT, Alpha Oumar Konaré et Ibrahim Boubacar Keita. A part ATT, les deux autres ne l’ont pas été, allez savoir pourquoi ? Et pourtant la réconciliation nationale tant attendue allait marquer une  avancée significative. En lieu et place de la posture conciliante que devraient adopter les autorités, elles semblent plutôt laisser se développer une sorte d’atmosphère de revanche, qui pousse à falsifier  l’histoire et à démolir  des acquis démocratiques. L’argument qui consisterait à dire qu’Alpha Oumar Konaré ne figure pas sur la liste parce qu’il est vivant et que tous ceux qui ont été réhabilités ne sont plus de ce monde, ne saurait prospérer. Il suffit de prendre l’exemple sur le Sénégal et la Côte d’Ivoire, deux pays frères du Mali et qui ont célébré leurs héros en les immortalisant,  certains étant vivants. Nul ne pourrait contester la réhabilitation de tous ceux qui ont fait rayonner le Mali tant sur les plans politique, historique et culturel. Certains ont indéniablement rehaussé l’histoire du vieux pays et l’ont transformé en nation dont l’étoile brille au firmament des grandes nations du monde. Tous les maliens sont fiers et unanimes à reconnaitre la bravoure des guerriers comme Soundiata Keita, Samory Touré, Kamandjan Camara, Niamody Sissoko, Banzani Théra, Capitaine Sékou Traoré, Babemba Traoré, Firhoun , Askia Mohamed, pour ne citer que ceux-ci. Que dire du premier Président du Mali indépendant Modibo Keita, du soldat de la démocratie et du bâtisseur Amadou Toumani Touré ATT, qui ont été également des figures qui ont rehaussé l’image du pays et ont été des grands bâtisseurs. Toutes ces figures méritent la reconnaissance de la nation et devraient être enterrés au carré des Martyrs comme les victimes du régime sanguinaire du général Moussa Traoré dont le boulevard cohabite désormais à Bamako avec le monument des Martyrs, le pont des Martyrs, la pyramide du Souvenir et le Carré des Martyrs. La question que tout observateur de la scène politique sera amené à se poser est celle de savoir quelle va être la réaction des démocrates face à cet affront que le régime militaro-transitoire  vient de leur infliger? En tout cas aucun argument ne saurait expliquer la non célébration  d’Alpha Oumar Konaré, tout comme IBK, qui malgré tout ce que pourrait leur être reproché ont largement contribué à l’édification du Mali et à l’ancrage démocratique.  Alpha Oumar Konaré considéré par certains de Grand africain de l’ouset des 30 dernières années, est et demeurera pour toujours le premier Président de l’ère démocratique que nul ne pourra effacer, car cela est écrit en lettres d’or au fronton de la République du Mali. Fait rarissime pour Alpha Oumar Konaré, il est le seul Président, pour l’instant à avoir réussi  ses deux mandats et à transmettre pacifiquement le flambeau à son successeur. Youssouf Sissoko