Éloge de la peinture et de la poésie

L’exposition « Poésie et peinture » de Loubaba Laalej Par Abdellah Cheikh, critique d’art La Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Étranger organise l’exposition « Poésie et peinture » de l’artiste maroco-française   Loubaba Laalej jusqu’au 14 décembre 2024 à l’Espace Rivages de Rabat. Le  vernissage  a été   marqué par  une lecture poétique  au rythme musical... L’article Éloge de la peinture et de la poésie est apparu en premier sur ALBAYANE.

Éloge de la peinture et de la poésie
   press.ma
L’exposition « Poésie et peinture » de Loubaba Laalej Par Abdellah Cheikh, critique d’art La Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Étranger organise l’exposition « Poésie et peinture » de l’artiste maroco-française   Loubaba Laalej jusqu’au 14 décembre 2024 à l’Espace Rivages de Rabat. Le  vernissage  a été   marqué par  une lecture poétique  au rythme musical avec  l’accompagnement  du luthiste  Youssef Louza et la  signature du livre « Poésie et peinture » de l’artiste préfacé par Adib El Machrafi et   Said Ahid ( version française)  ainsi que par Nour Eddine Dirar et Oumar  El  Asri ( version arabe ).  Entretien. L’exposition s’inscrit dans l’histoire passionnée des peintres et des poètes illuminés, toutes générations et styles confondus. À travers ses œuvres plastiques, Loubaba porte un regard singulier sur deux champs d’expression esthétique : l’acte de peindre et l’acte de poétiser.  Le récepteur avisé   assimile en filigrane le sens de la poésie qui est muette en la peinture et la peinture qui parle dans la poésie. Une invitation à contempler la « symétrie métaphorique » de la beauté latente en tant que faculté supérieure appelée par la tradition poétique l’œil de l’âme. Elle articule autrement figure et allégorie, âme et corps, pensée et sensation, visible et intelligible. C’est l’énergie produite par cet échange des « sens » entre le poète et le peintre : « La peinture a choisi de se taire pour laisser le poète s’exprimer, l’aduler.Elle désire être sa muse et sa reine, sa bien-aimée ! Elle n’a jamais été muette ! Elle provoque le poète et parfois inverse les rôles et le défie. Regarde et pénètre mon monde sensible. Rends-moi lisible même au profane ! Dégage la métaphore entre l’idée et l’image. N’y a-t-il pas ressemblance entre les images posées sur la toile.  Celles imaginées dans le texte ? Chacun pose ses propres interrogations ! », affirme Loubaba. Une poésie qui se voit Le silence de la peinture conçue par Loubaba est éloquent à l’instar de l’éloquence des poètes :  Mahmoud Darwish, Apollinaire, Prévert, Garcia Lorca, Paul Eluard, André Breton, René Char, Nizar  Kabbani, , Abdelkébir Khatibi, Adonis, Octavio Paz,   Fadwa Touqan,  Maya  Anjelou ,  Nazik  Al Malaika,  Khalil Jabran, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé,  Marinetti  et bien d’autres encore. Le silence parle aux yeux et son pouvoir réside dans l’acte d’absorber le bavardage du langage.  Selon la perception visuelle de cette plasticienne et poétesse, la dualité « poésie/ peinture» se veut un parallèle qui se présente comme un des principes fondamentaux de la « vérité » de l’art et de son « essence », ce qui implique un « échange » mutuel, comme l’avait bien repensé Léonard de Vinci : La peinture est une poésie qui se voit et la poésie est une peinture qui s’entend. Ainsi ces deux poésies, ou si l’on veut ces deux peintures, ont échangé les sens par lesquels elles devraient pénétrer jusqu’à l’intellect qui est à l’âme ce que l’œil est au corps. La parole du poète souffle sur le pinceau de cette artiste peintre portée par le vent de ses sens intérieurs : « La mysticité s’empare des deux présences pour les unir. La peinture fait percevoir ses codes, son langage particulier. Celui intériorisé qui veut être découvert ! Le peintre est magnétisé par le poète hypnotisé. Clairvoyance d’une beauté partagée. La parole du poète souffle sur le pinceau du peintre, portée par le vent de ses sens intérieurs », proclame Loubaba. Sa peinture symbolique révèle le langage figuré des poètes. Sa poésie se veut la nature contemplative de la peinture : cela détermine « en propre » sa spécificité, mais aussi son rapport à la « vérité ».  Il s’agit d’une véritable   communion qui célèbre l’union de l’âme et du corps : le corps se spiritualise et l’âme est sublimée. La peinture suggestive de Loubaba a besoin de la poésie pour mieux idéaliser et sublimer. Une allégorie et une métaphore : «La poésie touche tous les domaines. De la philosophie à la religion. Elle passe par l’humour et la politique. Rien ne lui est étranger. Légère et profonde, elle sonde l’ombre et la nuit. Les grecs Homère, Aristote, Horace sont ces peintres, ces poètes qui unissent les choses et les êtres par leur expression poétique. Ils l’écrivent ou la déclament oralement sous plusieurs formes. Leur parole est entendue par l’harmonie de leurs mots, les rythmes répétés, la musique des vers, les images suggérées, les métaphores. Leur art du texte a traversé les siècles de cœur en cœur. Leur vision du monde se reflète dans les poètes contemporains. Ils ont marqué les esprits !», écrit Loubaba dans son recueil « Poésie et peinture » (écrits et œuvres).  Pour cette artiste et écrivaine, la peinture et la poésie connotent une extase du bonheur : « Les âmes jubilent ! La passion est revenue. Tout vient et repart. Moment inouï d’une mère qui accouche. Le poète flirte avec le peintre dont le cœur a lâché les malheurs ». Dans cette exposition, le cœur de Loubaba vibre de sa lumière pour celui qui s’est épris d’harmonie. L’amoureux redonne son plaisir inouï à ceux qui y aspirent.  Pour elle, le poète inspiré « communique son humeur au peintre. Il en fera les couleurs de l’instant ! C’est une étoile étrange, abstraite qui suggère. Le poète reprend le flambeau mû par l’angoisse de la plume. Ensemble, ils vont danser l’éternel et en perpétuer la beauté ! Les mots du poète sont devenus les formes colorées du peintre. Ce couple rayonne complicité et complétude ». Reste à rappeler que Simonide de Céos   a  affirmé que  la  peinture est une poésie muette et la poésie est une peinture parlante » . Bio express : Native de Fès, Loubaba Laalej est une artiste peintre et écrivaine résidant à Paris depuis 1956.  Elle est diplômée en journalisme, sociologie et études internationales.  Issue d’une famille d’artistes, Loubaba est passionnée par l’écriture et la peinture depuis son plus jeune âge. Elle a à son actif plusieurs expositions en France, Italie, Vietnam, Espagne…  En 2019, elle a obtenu un doctorat honorifique délivré par le Forum International des Beaux-arts (Fine Arts Forum International) à titre de reconnaissance. Elle est membre du Bureau Permanent de la Ligue des Écrivaines d’Afrique et de l’Alliance des Créateurs Arabes. Parmi ses recueils de poésie, on peut citer : « Fragments », « Pensées vagabondes », « Mysticité et plasticité », « Melhoun et Peinture », « l’Amour et l’Art», « Chuchotement du silence   », « Icônes de la plasticité au féminin », « l’Afrique et l’Art », « Le Désert et l’Art », « Voix intérieure » … Loubaba Laalej, telle une alchimiste transmute la peinture en poésie et vice versa. Elle provoque un dialogue sur la surface de la toile où la poésie prend forme par la couleur. Une expérience picturale où une réconciliation est née entre les deux arts. Son expérience migratoire a nourri son élan créatif qui se veut hors des sentiers battus.  Plus d’informations sur www.e-taqafa.ma L’article Éloge de la peinture et de la poésie est apparu en premier sur ALBAYANE.