Les Golden Globes ont couronné deux films marquants, avec un clin d'œil particulier au cinéma français. « Emilia Perez », le dernier chef-d'œuvre de Jacques Audiard, et « The Brutalist », portrait d’un architecte bouleversé par l’histoire, ont brillamment dominé la soirée, offrant aux deux productions des succès éclatants en vue des Oscars.
Les Golden Globes 2025 ont été l’occasion de célébrer un cinéma qui se réinvente tout en puisant dans des thématiques universelles. « Emilia Perez » de Jacques Audiard, avec sa charge émotionnelle et son exploration de la transition de genre, a largement dominé la cérémonie, s’imposant avec quatre trophées, dont celui de la meilleure comédie. Avec dix nominations en poche, le film, qui avait été primé à Cannes et diffusé sur Netflix, n’a pas déçu. Ce récit musical sur la transition de genre d’un narcotrafiquant mexicain a été couronné de succès, obtenant non seulement la récompense de la meilleure comédie mais aussi celle du meilleur film international. Zoe Saldaña a été saluée pour son rôle de second rôle féminin, et la bande-son, signée Camille et Clément Ducol, a remporté le prix de la meilleure chanson. Jacques Audiard, cinéaste passionné par les personnages marginaux, a dédié cette victoire « à tous ceux qui se sentent aujourd'hui inquiétés ». Le réalisateur a exhorté ses admirateurs à « garder la tête haute, à continuer de se battre et d'espérer en des jours meilleurs ». Emilia Perez a également mis en lumière l’actrice Karla Sofía Gascón, qui incarne l’héroïne du film. Celle-ci a pris la parole avec une force incontestable : « Vous pouvez peut-être nous mettre en prison, vous pouvez nous battre, mais vous ne pourrez jamais nous enlever notre âme, notre résistance, notre identité ». Cependant, sur la scène hollywoodienne, la consécration d'Emilia Perez a rencontré une ombre, celle de la performance de Demi Moore. L’actrice a été couronnée meilleure actrice dans une comédie pour son rôle dans « The Substance », un film de Coralie Fargeat où elle incarne une ancienne gloire d’Hollywood obsédée par la jeunesse éternelle. Ce rôle audacieux dans une œuvre horrifique, explorant les dérives d’un sérum rajeunissant aux effets monstrueux, lui a valu une reconnaissance qui lui faisait défaut depuis des années. « Je fais ce métier depuis plus de 45 ans, et c'est la première fois que je gagne quelque chose en tant qu'actrice », a-t-elle déclaré, marquée par l’émotion. Si « Emilia Perez » a illuminé la soirée, « The Brutalist », un autre grand vainqueur des Golden Globes, n’a pas manqué de marquer les esprits. Le film de Brady Corbet, un portrait sombre d’un architecte rescapé de l’Holocauste tentant de reconstruire sa vie aux États-Unis, a raflé trois trophées majeurs : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur pour Corbet, et meilleur acteur pour Adrien Brody. Ce film fleuve de 3h30, salué comme un chef-d'œuvre par la critique et déjà comparé à des classiques comme « Le Parrain », se positionne comme un prétendant sérieux aux Oscars. Brady Corbet, dans une déclaration percutante, a exprimé son admiration pour l'indépendance artistique : « Personne ne réclamait un film de trois heures et demie sur un designer du milieu du siècle en pellicule 70 millimètres, mais cela fonctionne. » Son plaidoyer en faveur du contrôle créatif des réalisateurs face à la pression des studios met en lumière les enjeux actuels de l’industrie du cinéma. De son côté, « Conclave », le thriller papal, a remporté le prix du meilleur scénario, apportant une réflexion profonde sur les luttes de pouvoir au sein du Vatican. La soirée des Golden Globes 2025 a également été marquée par la diversité des lauréats. En particulier, l'actrice brésilienne Fernanda Torres a créé la surprise en remportant le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique pour son rôle dans « Je suis toujours là », une œuvre poignante sur une veuve sous la dictature militaire brésilienne des années 70. Elle a triomphé face à des concurrentes prestigieuses telles qu’Angelina Jolie et Nicole Kidman. Les Golden Globes, après une profonde réforme, ont montré une plus grande ouverture et représentativité, avec des membres venus de tous horizons, et un palmarès plus diversifié. Ainsi, le comédien Sebastian Stan a été élu meilleur acteur dans une comédie pour son rôle dans « A Different Man », où il incarne un aspirant comédien cherchant à se reconstruire après une opération de chirurgie esthétique.