La caricature a perdu un maître

Par Mustapha Labraimi Bouimid Belaid est allé se reposer chez l’Eternel. Tirant sa révérence après une période de faiblesse physiologique pendant laquelle il a expié ses péchés mignons, ce natif du Haut Atlas a vécu dès son plus jeune âge à El Jadida entre la vigilance conservatrice des ascendants et le savoir émancipateur qui libère... L’article La caricature a perdu un maître est apparu en premier sur ALBAYANE.

La caricature a perdu un maître
   press.ma
Par Mustapha Labraimi Bouimid Belaid est allé se reposer chez l’Eternel. Tirant sa révérence après une période de faiblesse physiologique pendant laquelle il a expié ses péchés mignons, ce natif du Haut Atlas a vécu dès son plus jeune âge à El Jadida entre la vigilance conservatrice des ascendants et le savoir émancipateur qui libère les énergies. Belaid Bouimidest considéré par ses collègues comme « unefigure emblématique de la presse sportive ». Sans concession et donnant au sport sa dimension culturelle. Il était aussi connu par ses dessins de presse, ces caricatures par lesquelles il croquait l’actualité en quelques traits à l’encre de chine. Des traits simplesavec lesquels il exprimait sa pensée et sa conviction envers l’agitation qui secouait son environnement.Il se voulait « Taon du Maroc », au sens figuré du terme. Ça pique et ça fait ruer dans les brancards ! Pour un changement démocratique, contre les inégalités sociales et territoriales. C’est dans les colonnes d’AlBayane que cela se faisait, à la fin du siècle dernier. Dans son enfance, pour éviter toute punition, il a été décorateur de tablettes coraniques et de talismans livrés par son fquih à qui le paye.Au lycée Ibn Khaldoun qu’il fréquente,il s’initie aux beaux-artset à l’usage de son art pour faire connaitre son opinion ; il s’ouvrait à la culture populaire et à la connaissance de sa société.Puis, il s’en alla vers les lumières, là où la culture alimente son homme. Recruté par Feu Ali Yata, après ses études parisiennes,il exerçait son métier de journaliste avec une conscience de classe acquise par sa formation en sciences politiques et consolidée par son engagement culturel. SiBelaid n’a jamais été encarté dans les rangs du Parti du Progrès et du Socialisme, il se situait dans la mouvance progressiste, sans extrémisme malgré les affres vécues lors des années de plomb. Une tignasse fournie, des moustaches apparentes, Belaid avait un langage des mains qui continuait sa parole. Sa capacité d’écoute se rompait par un humour subtil avecdes vannes courtes, comme dans ses accroches caricaturales, à comprendre à des degrés divers ; chacun selon sa compréhension. Il partageait sa conviction en suscitant la réflexion, sans polémique stérile. Tel Joha qu’il préférait sur son âne, et à qui « toutes les bêtises de la planète » devraient être attribuées, il trouvait le peuple rieur, de ses souffrances et de ses félicités. La noukta venait de là ; relevée par ses propres ingrédients adaptés à son auditoire, au boulot ou ailleurs. Il connût la rupture clamant que « les bolchéviks sont devenus des mencheviks ». Sa manière de rire, n’en déplaise à l’Histoire. Il pensait à lui, « … et moi alors », s’en allant vers d’autres médias pour le sport, l’écriture et la caricature colorée. Paraphrasant l’une de tes accroches, saches Belaid que « tous les Marocains sont orphelins de toi ». Repose en paix. Tu nous manque. L’article La caricature a perdu un maître est apparu en premier sur ALBAYANE.