Le Paris / Rabat, prêt à repartir ?!

Particularité unique de ce lien français avec le Maghreb : quand Paris traite ses relations avec le régime algérien, la préoccupation marocaine est omniprésente puisqu’elle détermine le degré de rapprochement ou de rejet. Et quand la France gère sa relation avec le Maroc, elle est condamnée à prendre en considération les obsessions algériennes. Aujourd’hui après […]

Le Paris / Rabat, prêt à repartir ?!
   aujourdhui.ma
Particularité unique de ce lien français avec le Maghreb : quand Paris traite ses relations avec le régime algérien, la préoccupation marocaine est omniprésente puisqu’elle détermine le degré de rapprochement ou de rejet. Et quand la France gère sa relation avec le Maroc, elle est condamnée à prendre en considération les obsessions algériennes. Aujourd’hui après la désignation d’un Premier ministre et la formation d’un gouvernement, deux opérations opérées dans la douleur, plus rien n’empêche le président Emmanuel Macron de se consacrer à l’action internationale de la France. Il est vrai que pendant cette crise politique française, la diplomatie française, aussi bien au niveau de son influence que de sa crédibilité, était en berne. Un des terrains d’action prévisible pour le retour de cette diplomatie est le Maghreb avec lequel la France d’Emmanuel Macron entretient des relations compliquées. Il est vrai que le portrait du tout nouveau jeune ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, n’indique pas un intérêt spontané pour cette région et ses enjeux, son ADN politique le porte davantage sur les préoccupations économiques européennes. Ce choix de Jean Noël Barrot comme patron du quai d’Orsay va consacrer une idée déjà installée sur la relation avec les pays du Maghreb qui sera exclusivement gérée par Emmanuel Macron, sans grande interférence de la machine diplomatique du ministère des affaires étrangères. En effet le pedigree de ce nouveau ministre des affaires étrangères français ne le prédispose pas à cultiver une relation particulière avec le Maghreb. C’est avant tout un économiste. Il a été ministre délégué chargé de l’Europe au sein du gouvernement français entre février et septembre 2024. Il a été ministre délégué chargé du numérique de 2022 à 2024. Avant de rejoindre le gouvernement, M. Barrot a été, de 2017 à 2022, député de la 2e circonscription des Yvelines à l’Assemblée nationale, où il a également assumé la vice-présidence de la Commission des finances. Le parcours de ce jeune ministre est loin de le qualifier pour jouer un rôle primordial dans l’écriture d’une relation particulière avec ces pays du Maghreb qui attendent de Paris et d’Emmanuel Macron qu’ils procèdent à d’importants ajustements. D’ailleurs qu’il le veuille ou non, avec le régime algérien, une grande clarification va s’imposer à Emmanuel Macron. Il est vrai que malgré les conditions rocambolesques dans lesquelles le président Abdelmajid Tebboune a obtenu son second mandat, un des rares grands pays à l’avoir félicite bruyamment fut la France d’Emmanuel Macron. Sans la moindre allusion aux énormes failles démocratiques qui ont entaché cet exercice de reconduction. Il reste que la prochaine visite de président algérien en France, programmée depuis des mois vers fin septembre début octobre, sera un test grandeur nature de la qualité des relations entre les deux pays. Elle es coincée entre deux choix : Ou être revigorée par l’esprit d’une realpolitik nouvelle ou être détériorée par une attitude recroquevillée sur le passé et ses rancunes. D’ailleurs sera-t-elle maintenue à cette date ou reportée à un calendrier ultérieur et avec quel agenda et quels contenus diplomatiques ? C’est un des grands suspens de cette relation très particulière entre Paris et Alger. Et c’est avec le Maroc que la relation de Paris risque de connaître une accélération ostentatoire et bienvenue. Les deux pays se préparent à organiser la première visite d’Etat du président Emmanuel Macron au Maroc depuis son arrivée à l’Elysée en 2017. C’est une visite très attendue par l’axe Paris-Rabat. Elle doit non seulement sceller la réconciliation entre les deux pays après une longue séquence glaciale de leurs rapports, le fruit de profondes divergences politiques, elle doit aussi donner corps à la grande clarification opérée par Emmanuel Macron sur le Sahara marocain le 30 juillet dernier, lorsqu’il a apporté un soutien sans faille à la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Particularité unique de ce lien français avec le Maghreb : quand Paris traite ses relations avec le régime algérien, la préoccupation marocaine est omniprésente puisqu’elle détermine le degré de rapprochement ou de rejet. Et quand la France gère sa relation avec le Maroc, elle est condamnée à prendre en considération les obsessions algériennes. C’est un effet de balancier d’une extrême sensibilité auquel se livre depuis de années la diplomatie française à l’égard du Maghreb. Dans tous les cas de figure, Emmanuel Macron se trouve aujourd’hui au débat d’une nouvelle séquence où il doit apporter de grandes clarifications dans ses relations sensibles avec les pays du Maghreb et en assumer les conséquences. C’est une période riche en tensions et en nouveautés politiques qui s’ouvre devant la diplomatie française.