Petit pays pauvre et sous développé, la Guinée Bissau est l’un des Etats de la sous-région ouest africaine à avoir connu plusieurs coups d’état de 1974, date de son indépendance, à nos jours. Malgré le soutien sans faille de la CEDEAO pour stabiliser le pays, la Guinée Bissau n’a toujours pas fini avec son cycle des coups d’état à répétition soit par les armes ou par le tripatouillage constitutionnel. Le Président de la République, ancien général et dont le mandat est arrivé à terme le 27 février 2025, n’arrive toujours pas à se plier aux règles qui fondent la démocratie en respectant la Constitution. Comme un despote, il prolonge de façon unilatérale et dans la plus grande illégalité son mandat sous le regard complice de la Cour suprême de son pays. La CEDEAO, dont il a été le Président en exercice, qui a voulu intervenir afin de trouver des solutions alternatives à la violation de la Constitution par la prolongation de son mandat, et pour une organisation d’élections inclusives, transparentes et démocratiques, en a fait les frais. La délégation de médiation envoyée par elle s’est vue contrainte de quitter le territoire Bissau Guinéen sous peine d’être expulsée manu militari. Umaro Sissoco Embalo n’est-il pas en train de donner raison aux détracteurs de la CEDEAO ? Le président sortant de la Guinée Bissau n’est-il pas en train donc de semer les germes d’une énième crise pour son pays, son peuple et la CEDEAO ? Face à cette menace que fait planer Umaro Sissoco sur la Guinée Bissau quelle doit être l’attitude de la CEDEAO ?
C’est au moment où l’organisation sous régionale qui est la CEDEAO fait l’objet des critiques les plus acerbes, des menaces les plus lourdes et qui se bat pour chercher les voies et moyens afin d’éviter sa dislocation voire sa probable mort, que certains dirigeants tentent de lui administrer un coup de massue engageant son pronostic vital. Après le retrait des trois pays de la CEDEAO, Mali, Burkina Faso et Niger, qui ont fini par créer leur confédération, l’AES, c’est au tour de l’ancien Président en exercice de la CEDEAO et Président en fin de mandat de la Bissau Guinéen d’enfoncer le clou par un acte qui fait désormais planer le doute sur le maintien de son pays au sein de la CEDEAO surtout que cet affront à la CEDEAO survient après celui du 9 mars 2020 quand il a interdit l’accès à son territoire à une mission d’experts constitutionnalistes de la CEDEAO. Cette fois il a menacé d’expulser une délégation de l’organisation sous régionale, pourtant autorisée à y effectuer une mission des bons offices afin d’éviter un embrasement certain. Le tort de cette délégation a été de prendre langue avec l’Opposition et les organisations de la société civile, tout comme les leaders religieux. En se comportant ainsi le Président Umaro Sissoco Embalo semble non seulement porter un coup dur à l’unité et à la cohésion entre les 12 membres de la CEDEAO, mais aussi et surtout donner raison aux détracteurs de la CEDEAO qui la qualifient de coquille vide.
Umaro Sissoco Embalo n’est-il pas en train de donner raison aux détracteurs de la CEDEAO ?
Quand celui qui a joué un rôle de premier plan dans la résolution de la crise qui oppose la CEDEAO à trois de ses membres, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a osé se comporter ainsi à l’égard d’une délégation en la menaçant d’expulsion, il y a lieu de se poser la question de savoir si les détracteurs de l’organisation n’ont pas raison. En tout cas il n’a pas agi dans le sens du renforcement de l’unité et de la cohésion au sein de la CEDEAO. Pire il y a lieu de s’interroger sur l’avenir du Président Bissau Guinéen au sein de l’organisation ou s’il ne va simplement pas rejoindre le cercle des putschistes pour échapper aux sanctions de la CEDEAO. Il est déjà candidat déclaré à l’élection présidentielle et dit pouvoir gagner dès le premier tour. Par ces propos qui en disent long sur sa volonté de confisquer le pouvoir, il y a lieu de s’inquiéter sur la transparence, l’inclusivité des élections à venir. Une crise pré et postélectorale est à craindre. Tout comme il n’est pas à exclure qu’il claque la porte pour rejoindre l’AES
Le président sortant de la Guinée Bissau n’est-il pas en train de semer les germes d’une énième crise dans son pays et dans la CEDEAO ?
Cet acte du Président Bissau Guinéen a surpris plus d’un observateur de la scène politique de la CEDEAO, mais aussi de ce petit pays de 36 125 Km2 avec une population estimée à 1, 6 millions d’habitants. Et pourtant il a été l’un des leaders les plus intransigeants vis-à-vis des trois pays de l’AES, en leur demandant de respecter les engagements pris pour un retour à l’ordre constitutionnel dans les délais souverainement fixés. Comment celui qui n’a pas hésité à proposer des sanctions contre les Etats membres qui ont perpétré des coups d’Etats, puisse à son tour perpétrer un autre coup d’Etat en tripatouillant la Constitution et en refusant d’organiser les élections conformément à la Constitution ? Umaro Sissoco Embalo fait désormais planer un gros nuage sur l’avenir de son pays et de la CEDEAO. Il revient aux autres Etats de s’assumer en imposant, si nécessaire par la force, les principes de la CEDEAO, c’est pourquoi les forces en attentes sont indispensables pour la survie de l’organisation.
Face à cette menace que fait planer Umaro Sissoco sur la Guinée Bissau quelle doit être l’attitude de la CEDEAO ?
La CEDEAO, après avoir encaissé plusieurs coups, surtout avec le retrait des pays de l’AES, joue sa crédibilité et son avenir dans cette autre crise en Guinée Bissau. Le Président de ce pays fait feu de tout bois, il a non seulement prolongé de façon unilatérale la durée de son mandat et a tripatouillé à sa guise la constitution. La CEDEAO doit sévir contre tous les pays membres qui enfreignent aux principes qui régissent la CEDEAO. Les forces en attente sont réclamées pour mettre de l’ordre dans la sous-région ouest africaine, et mettre fin aux cycles infernaux des coups d’Etat et de tripatouillage constitutionnel
Youssouf Sissoko