Mohamed Bouâziz
Le premier intervenant en matière de lecture livre est Mustapha Bouâziz, que Mahtat Rakkas présente comme « historien et écrivain, lauréat de l’Ecole des sciences sociales à Paris et détenteur d’un doctorat en la matière à l’université Hassan II de Casablanca, qui a supervisé par la suite plusieurs travaux de recherches dans les domaines de l’Histoire et des sciences sociales. Il était conseiller près la rédaction de la revue ZAMANE, mensuel marocain consacré à l’Histoire, actuel conseiller scientifique près le Centre d’Etudes et de Recherches Mohamed Bensaid Ait Idder et ancien directeur du centre d’études et de recherches des sciences sociales. Il est l’auteur de plusieurs œuvres, écrits, études et rapports. Il se distingue aussi par son parcours politique militant qui le qualifie à faire une étude distinguée de cet ouvrage sur Moulay Ismail Alaoui avec lequel il entretient depuis une longue des relations d’amitié.
Mustapha BOUAZIZ
L’expérience de la Koutla doit faire l’objet d’une évaluation collective
Le premier intervenant en matière de lecture livre est Mustapha Bouâziz, que Mahtat Rakkas présente comme « historien et écrivain, lauréat de l’Ecole des sciences sociales à Paris et détenteur d’un doctorat en la matière à l’université Hassan II de Casablanca, qui a supervisé par la suite plusieurs travaux de recherches dans les domaines de l’Histoire et des sciences sociales.
Il était conseiller près la rédaction de la revue ZAMANE, mensuel marocain consacré à l’Histoire, actuel conseiller scientifique près le Centre d’Etudes et de Recherches Mohamed Bensaid Ait Idder et ancien directeur du centre d’études et de recherches des sciences sociales. Il est l’auteur de plusieurs œuvres, écrits, études et rapports. Il se distingue aussi par son parcours politique militant qui le qualifie à faire une étude distinguée de cet ouvrage sur Moulay Ismail Alaoui avec lequel il entretient depuis une longue des relations d’amitié ».
D’entrée, l’historien et philosophe Mustapha Bouaziza fait savoir que le terme qui convient le plus à son intervention est celui d’aperçu, étant donné qu’il n’a reçu l’ouvrage en question que depuis quelques jours et n’a commencé sa lecture que depuis quatre jours.
Il s’est ensuite arrêté sur un certain nombre de notions dont la mémoire, qui quoique vivante, reste sélective. Elle gomme des évènements, s’accroche à d’autres et nanise d’autres. Il a ensuite donné un aperçu sur la notion de cursus comme il a mis en lumière les limites de telles capacités, avant de souligner la nécessité d’établir de véritables biographies académiques à l’instar des biographies historiques ou sociales qui vont au-delà de l’hommage rendu à la personne.
Le présent ouvrage est un récit d’une vie intense comme celle de Moulay Ismail Alaoui. Il évoque un grand nombre d’évènements ayant marqué son parcours, depuis qu’il s’est engagé dans la politique. C’est un document indispensable aux chercheurs, aux historiens et autres, a-t-il dit. Il s’inscrit aussi dans le devoir de la préservation de la mémoire. C’est une matière brute fondamentale et indispensable.
« J’ai la chance d’avoir pris connaissance d’une grande partie de cette œuvre, lors de la préparation de mon livre sur La Maison du Maroc à Paris comme espace de mémoire ». « J’avais longuement interviewé Moulay Ismail la dessus non seulement au sujet de la Maison du Maroc et sa position sur elle, mais également sur tout ce qui antérieur et postérieur à La Maison du Maroc », a-t-il dit.
« Moulay Ismail m’est très cher car plusieurs choses nous unissent dont en premier la région du Gharb dont il a longuement parlé dans cet ouvrage (Dar Al Amri, Sidi Slimane, Kénitra). Et c’est là où j’ai fait mes études primaires et secondaires », a-t-il relevé.
« Ma mère, que Dieu l’entoure de sa miséricorde, est alaouite », a-t-il rappelé.
« L’essai de s’approprier la théorie marxiste nous approche aussi l’un de l’autre outre le travail conjoint au sein de la Koutla démocratique fondé sur l’orientation démocratique patriotique, a-t-il ajouté, sans oublier le fait d’avoir côtoyé ensemble Ahlou Sala, à travers mon épouseslaouie ».
Feu Pr Zniber disait lors de la présentation d’un jeune historien qu’il s’agit en fin de compte d’un Slaoui à l’image de Moulay Ismail.
Revenant à l’ouvrage, objet de cette rencontre, il a indiqué avoir déjà posé la question à Moulay Ismail concernant la situation durant les années 40 (page 44), et avoir eu la même réponse brève en deux lignes contenue dans le livre, selon laquelle il a assisté aux évènements en rapport avec la manifeste de l’indépendance le 29 janvier 1944 à Salé et l’intervention des forces militaires françaises qui avaient occupé la maison familiale. Et c’est tout. Alors qu’il parle le long de plusieurs pages à propos de sa montée dans l’avion, quand son père partait à Al Haj à la Mecque. Ce qui est paradoxal, selon Bouâziz, c’est que Moulay Ismail affirme avoir été touché par le départ de son père et non par l’occupation de la maison familiale par les forces françaises.
En tant qu’historien, « je m’attendais à avoir plus d’éléments sur l’intervention militaire française, car les journées des 29 et 30 janvier 1944 constituent, pour moi, le grand évènement qui coïncide avec la présentation du manifeste de l’indépendance. Des Marocains, Partout à Salé, Rabat, Fès et ailleurs ont signé le manifeste d’indépendance. En dehors de ce manifeste, ce n’étaient que des pétitions (cinq au total) (et non une seule).
Depuis 25 ans déjà, « je réclame que la fête d’indépendance (manifeste de l’indépendance) soit célébrée les 29 et 30 janvier en commémoration de ceux qui avaient signé ce document, sachant que les victimes tombées au cours de ces deux journées étaient issues de toutes les sensibilités.
A ce propos, a-t-il dit, l’Histoire n’a pas rendu justice au Parti Communiste Marocain, lui qui avait présenté son manifeste de l’indépendance en 1935. J’avais d’ailleurs publié un document à ce sujet, a-t-il dit.
Au cours des journées des 29 et 30 janvier, des masses populaires, sorties dans la rue réclamer l’indépendance du pays avaient dû faire face à l’armée de l’Europe Libre. C’était en effet la première action de la deuxième DB, stationnée à Temara, du général Lecrec, venue réprimer la population marocaine. Et ce avant que Lecrec, le boucher pour les Marocains, ne rentre à Paris pour participer à sa libération et devenir héros national dans son pays.
S’agissant de l’adhésion de Moulay Ismail au PCM, alors qu’il est issu d’une famille conservatrice imprégnée d’une culture arabe islamique :Hormis toutes les considérations, Moulay Ismail a fait part dans ses réponses du chagrin de son père pour son adhésion au PCM au même titre que son oncle pour l’adhésion de son fils.
Et Bouaziz d’affirmer préférer que Moulay Ismail parle d’un autre sujet très important à savoir la relation entre l’Islam et le communisme et les contractions qui les opposent et peut être les points de rencontre. Un tel débat avait eu lieu d’ailleurs lors du troisième congrès national du parti, dont les documents m’ont été remis par feu Abdellah Layachi, a-t-il affirmé. Ce congrès avait notamment axé son débat sur l’Islam et le communisme. Au lieu d’évoquer ce débat, les réponses ont été focalisées que la tenue secrète de ce congrès dans une école publique à Ain Sebaâ avec la complicité de feu Abdelamajid Douieb, sachant que le PCM opérait à l’époque dans la clandestinité à l’instar de l’OADP (Organisation de l’action démocratique populaire).
Evoquant le chapitre consacré à la Koutla démocratique, Bouâziz a rappelé, en tant que militant, avoir travaillé ensemble au cours des réunions tenues dans ce cadre au siège central du Parti de l’Istiqlal et au siège de l’Union Socialiste des Forces Populaires. On avait discuté longuement de l’expérience d’avril 1996, l’élaboration du mémorandum et les écarts entre les composantes de la coalition.
Et de poursuivre que Moulay Ismail souligne dans cet ouvrage que l’alliance ne signifie pas la concordance et que la différence est une partie importante de l’alliance. Il est possible que l’on tombe d’accord dans une conjoncture et être en désaccord à un autre moment. Et ceci ne gâche pas la convivialité d’un sujet, du moment que l’orientation stratégique est commune.
A ce propos, Pr Bouaziz a tenu à rappeler que l’éloignement pour ne pas parler d’autre chose entre les composantes de la Koutla est intervenu à des moments déterminés et a concerné en premier lieu l’OADP puis le PPS, selon Moulay Ismail, tout en précisant que ce problème s’est posé d’abord au PPS puis plus tard à l’OADP. Les deux partis ont connu le même problème, a-t-il dit avant de poser la question de savoir si ceci est dû à la force d’influence des partis de l’Istiqlal et de l’USFP ou s’il résulte du traitement réservé à la question du pluralisme. Pour moi, a-t-il dit, je retiens la deuxième explication.
Ce qu’a connu la Koutla n’est pas lié uniquement à la conjoncture, a-t-il expliqué. Elle a marqué un développement important au Maroc en passant d’une position idéologique quant à la manière de traiter avec les parties qui ne pouvaient pas se rapprocher les unes des autres compte tenu de leurs idéologies. Chacun des partis politiques se considérait comme étant le premier, le plus grand, l’unique parti de la classe ouvrière, l’unique parti révolutionnaire. La transition s’est réalisée par le passage des partis de la Koutla à une position politique fondée sur l’unité dans la différence.
Cette transition, selon lui, a eu un impact considérable sur la situation politique et sa mouvance. D’où la nécessité d’approfondir la réflexion commune sur l’expérience de la Koutla pour en tirer les enseignements qui s’imposent, sachant qu’il est clair que chaque partie est en droit d’avoir sa propre lecture. L’expérience de la Koutla doit faire l’objet d’une évaluation collective. Elle comprenait cinq partis politiques. L’UNFP s’est retiré pour une raison inconnue, d’après Ismail Alaoui, alors selon Bouâziz, Abdellah Ibrahim avait donné son explication au journal Anoual. Il croyait que les élections étaient la fin alors que l’essentiel portait sur la formation d’un gouvernement de coalition nationale.
Un autre point porte sur la période postérieure à 2011 avec l’émergence du mouvement du 20 février, qui marque un passage de la contestation dans les rangs des organisations structurées à la sortie dans la rue. La question est toujours d’actualité, a-t-il estimé, rappelant les efforts déployés depuis 2014 par différents partis politiques pour reprendre le dialogue pour remédier à la cassure entre le pouvoir et la société.
Abderrahim Tourani
Une contribution à la préservation de la mémoire du mouvement nationaliste marocain
Prenant la parole, le journaliste, écrivain et rédacteur en chef d’un journal électronique, Abderrahim Tourani, a salué la publication de cet ouvrage qui rend hommage à une personnalité comme Moulay Ismail Alaoui, qui a consacré sa vie à la lutte pour le progrès, la libération et le socialisme et à la défense des droits humains. Durant son parcours, il n’a cessé de militer pour une société meilleure, un régime politique meilleur et un Maroc où règnent la dignité, l’égalité et la démocratie.
Pour Tourani, il est peut être plus précis de corriger le titre de l’ouvrage et de parler de « la noblesse du politique Moulay Ismail» au lieu de « la noblesse de la politique ». Surtout que la noblesse traduit la qualité d’un comportement humain, alors que la politique s’éloigne de plus en plus de nos jours de tout ce qui est moral et surtout de la noblesse. L’on vit aujourd’hui dans un monde marqué par l’arrogance tyrannique que représente aujourd’hui le duo Trump-Musk qui ne cache jamais son objectif d’asservir tout le monde en particulier les pays pauvres. C’est une réalité vécue aujourd’hui qui rend difficile, sinon impossible d’exercer aujourd’hui la politique de manière noble, un domaine qui connait des bouleversements rapides et continus.
La morale et la politique sont des concepts très complexes, a-t-il dit, rappelant que dans un passé très proche, la politique se fondait sur la morale, selon laquelle on s’engageait à respecter les principes de la justice, de l’égalité, de la dignité et de la liberté. C’est dire que la morale avait une dimension indissociable de la pratique politique.
A présent, l’on assiste au Maroc à des reculs et à des revers de nature politique qui rendent difficile de parler de la pratique noble de la politique. Des élites politiques s’adonnent à des pratiques scandaleuses, qui confirment ce qu’on sait depuis longtemps sur l’éloignement de la politique de la vérité. C’est ce qu’on appelle dans le langage courant « bolitique » et « Sbik ». Elle signifie aussi pour certains la ruse et la tricherie.
Il s’est attardé aussi sur la relation entre politique et morale, sachant que l’être humain est de nature morale.
S’agit-il d’une biographie ou non. S’agit-il de « l’œuvre de vie » de Moulay Ismail Alaoui, durant laquelle il n’a cessé de militer pour un Maroc meilleur. Sachant que Moulay Ismail a été amené à présenter sa vie et son expérience de militant au lecteur par l’intermédiaire de l’auteur de l’ouvrage qu’est SerrajDaou, le complice qui a réussi à convaincre Moulay Ismail de la pertinence de divulguer ses mémoires. Il a rappelé aussi l’expérience de Bensaid Ait Idder et le refus d’Abderrahmane Youssoufi de faire de même avant que M’BarekBouderqa ne publie un écrit sous forme de souvenirs.
Moulay Ismail Alaoui a donc recouru à un intermédiaire pour revenir sur son parcours, lui qui avait longtemps hésité à le faire pensant qu’il s’agit d’une vie normale, alors que l’on a affaire à un homme au parcours exceptionnel, a-t-il expliqué, avant de poser la question de savoir pourquoi les Marocains n’écrivent pas comme ceux qui ont vécu des expériences importantes comme c’est le cas en Egypte, en Syrie, en Irak. La plupart des ouvrages sur le Maroc ancien sont écrits par des étrangers.
Quant au leader Ali Yata, il a légué ses mémoires parues dans la collection « Mémoires et documents ». « Luttes derrière les barreaux » est le premier tome de cette série. D’autres tomes attendent toujours quelques parts.
Pourquoi les Marocains n’écrivent pas. Selon le poète Mohamed Bennis, cela est dû en partieau rite malékite en vigueur au Maroc, lequel n’encouragepas l’Ijtihad, surtout quand le texte existe, selon les Imams.
Bien que parue tardivement, la biographie de Moulay Ismail Alaoui est à saluer, car c’est une contribution à la préservation de la mémoire du mouvement nationaliste marocain.
Il s’agit donc d’un hommage méritéà Moulay Ismail Alaoui, qui doit lui être rendu aussi bien par l’organisation à laquelle il a consacré sa vie et la société en général.
Et Tourani d’évoquer une expression dure et blessante en même temps, selon laquelle « le parti est un carnivore de la viande humaine », allusion faite aux militants connus et inconnus, qui disparaissent sans laisser de trace et sans que personne n’en parle plus. Eux qui étaient sincères dans leur combat et avaient fait la force du parti et de la gauche en général. Eux qui ont été abandonnés à un certain moment à leur propre sort et complètement oubliés comme s’ils n’ont jamais existé. Il a cité dans ce cadre un certain nombre de noms tels feux Mohamed Anik, Abdelmajid Douieb, Abdellah Layachi, ChouaibRiffi, Simon Lévy, Omar Mohieddine, MimouneHabriche, Mohamed Benbella, Mounir Rachid, Abdellah Gharbi et Mohamed Benseddik et ceux qui sont toujours en vie : Ahmed Boukioud, Ahmed Salem Latafi et RahhalZakraoui, à qui il a souhaité prompt rétablissement.
L’article Présentation et dédicace de l’ouvrage «Ismail Alaoui, la noblesse de la politique, le parcours d’une vie» est apparu en premier sur ALBAYANE.